Co-fondateur de l’association La Quadrature du Net, Philippe Aigrain redoute les conséquences du climat sécuritaire, renforcé par les attentats, sur la défense des droits et des libertés fondamentales. Il en analyse les risques et les enjeux. […]
« L’expression de cet attachement aux libertés, formulé par les individus au sein d’une grande manifestation collective, indique bien la profondeur de cet attachement. Mais cette expression s’inscrit sur le fond d’une complète démobilisation antérieure. La question est de savoir si cet attachement va rester virtuel ou s’il va pouvoir représenter une force de nuisance suffisante. Car un des effets de l’évolution post-démocratique est que le gouvernement et les parlementaires n’ont plus rien à faire du coût politique des mesures qu’ils adoptent. On l’a constaté de façon impressionnante lors du débat sur la loi de prévention du terrorisme : les trois organismes consultatifs, toutes les associations de défense des libertés et des droits de l’homme, toutes les associations de défense du numérique étaient vent debout contre l’ensemble de la loi. Mais ce signal d’alarme très fort n’a absolument pas été considéré. Je redoute que l’on vive durant des années dans un événementiel permanent – au travers d’actes terroristes, antisémites, islamophobes, etc. – qui empêche de penser et fasse advenir la « société de la suspicion » qu’évoque très justement le Syndicat de la magistrature. […] »
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