[l’Humanite] « La loi Hadopi sera vite obsolète »

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Création et internet . Les propositions alternatives du collectif citoyen la Quadrature du Net font leur chemin et sont soutenues par UFC-Que choisir. Entretien avec Jérémie Zimmerman, cofondateur du collectif.

Comment est né ce collectif la Quadrature du Net ?

C’est une initiative citoyenne. Nous avions envie d’agir face à des projets législatifs et réglementaires qui pointaient le bout de leur nez après l’élection de Nicolas Sarkozy. Une vision paternaliste de l’Internet. Des technologies numériques mé-connues quant à leurs ap-ports socio-économiques mais uniquement vues comme quelque chose de dangereux à réguler et à contrôler. Nous avons voulu créer une sorte de caisse à outils pour permettre aux citoyens de mieux comprendre le processus législatif. Avec la loi « création et Internet », on nous explique que c’est la création tout entière que l’on assassine lorsque l’on télécharge une oeuvre.

Un argument que vous contestez. Mais que proposez-vous comme autres modèles de financement de la création ?

Deux pistes sont à explorer. La première ne plaira peut-être pas aux lecteurs de l’Humanité, puisque ce serait de laisser faire le marché. Pousser les producteurs à inventer des produits et des services à valeur ajoutée que les gens auront envie d’acheter. Il y a un exemple formidable avec le groupe de rock américain Nine Inch Nails. Il a mis son album sur Internet afin que chacun puisse le copier tout en proposant de très beaux CD signés, plus chers, et des produits dérivés. Ils ont tout vendu en une semaine et ont touché plus d’un million de dollars. Cela prouve que les gens seront toujours prêts à payer pour les artistes qu’ils aiment. Aux producteurs d’inventer de nouveaux services.

La deuxième solution, défendue par Philippe Aigrain, cofondateur de la Quadrature, dans son livre Internet et Création, est celle de la contribution créative. Pendant neuf ans, l’industrie du disque aux États-Unis est parvenue à faire interdire la musique à la radio sous prétexte que la radio allait tuer le disque. Puis elle a compris que c’était le contraire, plus les gens entendaient de la musique plus ils avaient envie d’en acheter. Des modes de financement indirect de la création par l’intermédiaire de la musique à la radio ont été trouvés, des financements proportionnels aux recettes publicitaires. Il est possible aujourd’hui de faire exactement la même chose avec l’économie numérique. Un prélèvement sur les accès Internet sur les revenus publicitaires des services en ligne, mais aussi sur le matériel informatique peut être mis en place. Puis un mode de répartition équitable. C’est le système de la licence globale, un système d’abonnement payé par les abonnés à Internet et donnant accès à un ensemble de contenus sans restriction.

Comment ?

Cet abonnement pourrait être d’un montant de 2 à 7 euros par mois et par foyer, et les fonds récoltés seraient ensuite répartis au prorata de ce qui est écouté, vu, consommé. L’argent généré par cette contribution créative serait redistribué aux artistes. Nous espérons que ces propositions prépareront lès-Hadopi parce que cette loi sera obsolète le jour où elle sera votée.

Entretien réalisé par Maud Dugrand

http://www.humanite.fr/2009-03-13_Medias_-La-loi-Hadopi-sera-vite-obsolete