Une cacophonie qui profite à tous ceux qui se sont battus depuis des semaines pour dénoncer une loi censée lutter contre le piratage et donc protéger les droits d’auteur, en se basant sur la seule répression des internautes. « Une victoire qui redonne du souffle et de l’espoir » pour Marie-George Buffet, qui précise que la loi « Hadopi était censée agir sur dénonciation d’acteurs privés travaillant pour les industries du divertissement ». Une « immense joie » pour le député PS de Paris, Patrick Bloche. « Un double désaveu » pour le groupe communiste de l’Assemblée, celui du rejet des amendements par la commission mixte paritaire, mais aussi « un désaveu sur le fond, s’agissant d’un texte dont les dispositions portent atteinte aux libertés publiques sans répondre aux besoins des créateurs ».
Et c’est bien là le nerf de la guerre. Toute une philosophie sur des nouveaux modes de rémunération des artistes est à envisager. Il n’est pas question de casser le fragile statut de droit d’auteur que des artistes ont tenu à défendre la semaine dernière à l’Odéon. Mais plutôt de sortir du piège dans lequel les internautes, donc des citoyens, sont accusés de saigner les droits d’auteur et, avec eux, toute l’industrie de la culture. « Il est temps d’accepter et de nous adapter à ce « nouveau monde » où l’accès à la culture perd son caractère discriminatoire », écrivaient dans Libération, mardi, d’autres artistes comme Catherine Deneuve, les cinéastes Christophe Honoré et Gaël Morel. Rejetant la loi Hadopi « purement répressive », ils appellent eux aussi « à de nouveaux modes de rétribution et à en finir avec le piratage ». Ce joyeux contretemps devrait permettre la poursuite du débat public très actif ces dernières semaines. Quant à l’ambiance au ministère de la Culture, on n’ose y penser.
http://www.humanite.fr/2009-04-10_Medias_La-loi-Hadopi-rejetee-par-les-deputes-de-gauche