[AFP] Loi anti-piratage en débat à l’Assemblée: un système à l’efficacité limitée

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Le projet de loi contre le piratage en ligne, dont le débat a repris lundi à l’Assemblée et qui prévoit de suspendre l’abonnement internet en cas de téléchargements illégaux, implique la mise en place d’un dispositif technique complexe dont l’efficacité sera limitée.

[…] Long à mettre en oeuvre et coûteux – au minimum 70 millions d’euros sur trois ans selon le Conseil général des technologies de l’information (CGTI) – ce dispositif pourrait ne pas donner les résultats escomptés, à savoir une baisse des téléchargements illégaux, préviennent des experts.

D’après un rapport de l’Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique), la mesure est en effet « assez facilement contournable d’un point de vue technologique ».

Le projet de loi prévoit que les internautes « pirates » soient reconnus via leur adresse IP (Internet Protocol), c’est-à-dire le numéro qui identifie chaque ordinateur connecté à internet.
Or, « derrière une machine, il peut y avoir des personnes différentes », relève Claude Kirchner, expert sur les questions de sécurité à l’Inria.

[…] La « responsabilité » risque donc d’incomber aux propriétaires des lieux, titulaires de l’abonnement, note le CGTI qui propose l’instauration d’un portail ne donnant accès qu’à un nombre limité de sites pour éviter le téléchargement.

L’internaute peut également travestir son adresse IP ou pire encore « pirater » celle des autres, affirme M. Kirchner. […]

La sanction pourrait d’ailleurs n’avoir qu’un effet limité, puisque rien n’empêchera le pirate de continuer à profiter d’internet sur d’autres réseaux, rappelle le CGTI.

D’après M. Kirchner, la loi risque même d’avoir un effet pervers car elle « va booster la réflexion de la communauté (internaute) pour mettre en place des solutions destinées à cacher les flux », via le cryptage des contenus.

De nouvelles techniques qui profiteront d’ailleurs avant tout à « la criminalité dure » (pédophilie, mafia), déplore-t-il.
« On ne pourra ainsi plus (…) détecter ce qui transite sur les réseaux et savoir si c’est illégal », renchérit M. Le Mouël, directeur général de la Fédération française des télécoms.

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