Après quatre séances et 441 amendements déposés, plusieurs constats s’imposent : l’opposition reste particulièrement remontée et le texte est loin de faire l’unanimité sur les bancs de la majorité. Mais c’est le débat public, en ligne notamment, et l’âpreté des échanges à l’Assemblée nationale qui ont marqué les esprits. Avec des thèmes sensibles comme la liberté individuelle, l’accès à Internet en tant que droit fondamental, et plus généralement une mise en cause de la politique du gouvernement en la matière, les dérapages étaient inévitables. […]
Si les discussions restent l’apanage d’une poignée de députés spécialistes, le député de Paris constate que le thème semble quand même se démocratiser. « J’ai beaucoup moins l’impression d’apparaître comme le spécialiste d’un dossier incompréhensible pour la plupart des collègues », s’amuse-t-il. Ce qui le rend optimiste pour le retour du texte devant l’Assemblée fin mars.
En outre, Patrick Bloche estime qu’après ces deux jours de discussions, le débat continuera sur Internet avant que les députés ne le reprennent en main. Et même s’il doute que les manifestations virtuelles fassent reculer le gouvernement – « aujourd’hui, il n’y a que les manifestations dans les rues pour retirer un projet de loi » – il a confiance en la capacité de mobilisation des internautes. En guise de preuve, il évoque sa boîte mail de l’Assemblée, qui a « explosé » depuis deux jours. « J’ai été sidéré par la vitesse avec laquelle l’information a circulé sur les réseaux », explique-t-il, confiant dans la foulée une anecdote illustrant ce « phénomène d’interactivité » où des internautes suivaient les débats en direct sur de nombreux sites. « Des gens très spécialisés m’envoyaient des mails pendant les débats en me signalant les contre-vérités expliquées par la ministre, dit-il. Mon assistante les imprimait et me les amenait dans l’Hémicycle. »
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