[FranceCulture] Sécurité et droit civique

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Émission La Grande Table diffusée le 12 juin 2013 sur France Culture, avec Jérémie Zimmermann, porte-parole de La Quadrature du Net.


http://www.franceculture.fr/emission-la-grande-table-1ere-partie-securite-et-droit-civique-2013-06-12


Jérémie Zimmermann : On peut faire le parallèle entre Edgar Snowden et Bradley Manning, puisqu’il s’agit dans les deux cas d’un citoyen qui constate des agissements qui lui semblent en totale contradiction avec les valeurs démocratiques qu’il est censé défendre, et qui se dit qu’il a entre les mains le pouvoir de faire éclater la vérité. Il est animé par un sentiment de justice et utilise cette technique (vielle comme le monde) qui est celle du lancement d’alerte. Par un geste courageux, il éclaire les citoyens pour permettre un débat public. Donc il y a une très forte similarité. Dans les deux dossiers également, on parle d’une extrêmement forte concentration de pouvoir aux mains de quelques uns, et la volonté d’individus de redistribuer, de ré-horizontaliser ce pouvoir verticalisé.

Mathieu Potte-Bonneville : Ce qui est tout à fait frappant dans ces différentes affaires récentes, c’est effectivement le grand retour (à supposer qu’il est jamais disparu) de l’Etat et des logiques d’Etat. (…) Cette idée d’un grand passage du mur à la transparence a organisé une certaine manière de raconter l’histoire du pouvoir contemporain. (…) Mais on s’aperçoit que la transparence n’a pas supprimé les murs, et qu’au fond on a beaucoup moins affaire à une succession chronologique qui irait d’un pouvoir d’Etat central (avec des logiques qui sont au fond héritées de l’âge classique) à quelque chose de diffus, de décentralisé, de postmoderne, etc. En fait, c’est une vraie complémentarité fonctionnelle entre les deux. C’est-à-dire que les logiques d’Etat sont aujourd’hui massives. La concentration des systèmes de prélèvement d’information est absolument avérée, là même où dans le même temps sont sollicités, mobilisés, des instruments qui sont effectivement totalement différents, car beaucoup plus intégrés à la manière dont les individus communiquent.

Marc Weitzmann : La différence entre Assange et Snowden aujourd’hui est que Snowden a sélectionné très attentivement les documents qu’il a mis sur la place publique, contrairement à WikiLeaks où il y avait dans le public une injection massive de documents. Snowden a une démarche très réfléchie. Sur la question du pouvoir aussi, il y a une différence. La NSA a une tentative de captation maximale d’information. La question est de savoir ce qui fonde ces informations.

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