De la présidence Sarkozy à celle de Hollande, l’histoire de ce « méga-fichier » censé centraliser les données personnelles de 60 millions de Français reflète les poids des lobbies dans notre procédure parlementaire et le mépris pour les avis des instances de consultation.
Qualifié de « monstre » par un député socialiste membre de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (il en a depuis été écarté), le « méga-fichier » censé centraliser les données personnelles de 60 millions de Français, suscite une opposition quasi-unanime et vient de faire l’objet d’un troisième recours au Conseil d’État. Il n’en a pas moins été surnommé « fichier des gens honnêtes » (sic). Pour mieux comprendre cet oxymore, il faut remonter à ses origines, pour le moins polémiques elles aussi. […]
L’histoire retiendra donc que le ministère de l’Intérieur de la présidence Hollande aura réussi à généraliser, à marche forcée, le projet de «fichier des gens honnêtes» qu’avait ardemment soutenu Claude Guéant du temps de la présidence de Nicolas Sarkozy, quand bien même il avait pourtant été censuré par le Conseil constitutionnel. Sans débat parlementaire, sans tenir compte de l’avis de la Cnil, des municipalités qui l’ont expérimenté ni des nombreuses voix, à commencer par le Conseil national du numérique (CNNum), qui appelaient à sa suspension, et tout en renvoyant la patate chaude à son successeur. Circulez…
https://www.slate.fr/story/138356/saga-generalisation-fichier-des-gens-honnetes