Le Conseil constitutionnel autorise le fisc à la surveillance de masse

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Le Conseil constitutionnel, dans sa décision rendue vendredi dernier, vient de considérer que la surveillance généralisée des réseaux sociaux prévue par l’article 154, ex-57, de la loi de finances pour 2020 est conforme à la Constitution.

Comme nous le dénoncions, cet article prévoit une collecte puis une analyse de masse des données publiques des réseaux sociaux. Des données sensibles seront collectées, par exemple sur notre vie sexuelle, politique ou religieuse. Au point 87 de sa décision, le Conseil constitutionnel s’est contenté d’interdire la seule exploitation des données sensibles, laissant possible leur collecte en masse, ce qui est tout aussi dangereux et contraire au droit européen.

L’article 10 de la directive police-justice n° 2016/680 interdit tout traitement de données sensibles qui ne soient pas justifié par une « nécessité absolue ». En l’espèce, la lutte contre les infractions fiscales peut être réalisée par bien d’autres moyens humains déjà mis en œuvre. Ni le gouvernement, ni le Conseil n’ont été capables d’expliquer en quoi la surveillance algorithmique est nécessaire à la lutte contre la fraude fiscale.

Enfin, le Conseil constitutionnel prétend que les contrôles fiscaux ne seront pas déclenchés automatiquement par les algorithmes de détection de fraude, mais reposeraient sur un travail humain. Cette affirmation traduit une grande naïveté et laisse en tout état de cause la porte ouverte à plus d’arbitraire dans les décisions administratives : comment contrôler le résultat d’un algorithme qui ne peut être expliqué et reproduit1Le Conseil constitutionnel estime que l’obligation de « corroboration et enrichissement » exigée par la loi écarterait tout contrôle fiscal automatique. Pourtant, avec l’utilisation d’algorithmes auto-apprenants dont le résultat ne peut être reproduit et expliqué, cette opération ne sera rien d’autre qu’un contrôle fiscal déguisé. ?

La boîte de Pandore a été ouverte. En validant le principe de surveillance de masse des réseaux sociaux, le Conseil constitutionnel permet aux autres administrations de pouvoir réclamer leur part de surveillance généralisée, voire de se servir directement dans les données collectées par le fisc. Le ministre de l’action et des comptes publics, Gérald Darmanin, défend inlassablement cette nouvelle surveillance et promettait 10 millions d’euros par an pour seulement deux algorithmes. Son joujou désormais approuvé constitue un pas supplémentaire pour remplacer l’humain·e par la machine, le·la citoyen·ne par une ligne dans un tableur.

References

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1 Le Conseil constitutionnel estime que l’obligation de « corroboration et enrichissement » exigée par la loi écarterait tout contrôle fiscal automatique. Pourtant, avec l’utilisation d’algorithmes auto-apprenants dont le résultat ne peut être reproduit et expliqué, cette opération ne sera rien d’autre qu’un contrôle fiscal déguisé.