C’est donc sans l’aide d’Apple que les enquêteurs ont réussi à contourner les dispositifs de sécurité du téléphone, grâce à une tierce partie dont l’identité est tenue secrète, mais que plusieurs médias américains suspectent d’être une société américaine. Une troisième voie qui pourrait contenter tout le monde – le FBI a eu ce qu’il voulait et Apple n’a pas cédé – sauf peut-être les organisations de défense des libertés numériques. « Le problème de fond n’est pas réglé », estime Adrienne Charmet de la Quadrature du Net. « Les droits fondamentaux, la vie privée, l’intimité des citoyens sont toujours menacés ». Pour la simple raison que le FBI dispose désormais des outils lui permettant de contourner les sécurités mises en place par Apple, et qui sont applicables sur tous les iPhone de ce type, en l’occurrence un modèle 5c.
Une inquiétude d’autant plus prégnante que le débat de fond tourne court avec cette annonce : jusqu’où aller dans la lutte antiterroriste ? « C’est d’autant plus préoccupant que l’on voit aujourd’hui une surenchère en terme de surveillance, à la fois aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne qui votent des lois sur le renseignement, en France avec une énième loi antiterroriste qui continue de partir dans une logique de surveillance délétère pour les droits fondamentaux », poursuite Adrienne Charmet.
Pour les organisations comme la Quadrature du Net, le nœud du problème se trouve en effet dans la masse de données personnelles que glanent les géants d’internet, comme Apple, Google et Facebook. Ébranlées par les révélations d’Edward Snowden et leurs liens avec les agences de renseignements américaines, ces sociétés se placent aujourd’hui en parangons de la protection des données, dans ce qui ressemble plus à un argument commercial. Elles possèdent en tout cas des serveurs entiers de données relatives à leurs utilisateurs, des données qui intéressent les services de police et de renseignement dans la lutte contre le terrorisme. Mais, comme le note Adrienne Charmet « ça commence toujours par ça, puis on l’étend à la pédophilie, puis au grand banditisme, puis finalement aux simples délits ». […]
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