Une note des services français a « fuité », qui défend l’une des clauses les plus controversées du traité de libre-échange avec les États-Unis. Joint par Mediapart, Matthias Fekl, le secrétaire d’État au commerce, assure que cette note n’a été « ni vue ni validée », et met en cause des fonctionnaires « dans la technostructure ». L’affaire pose la question des vraies marges de manœuvre politiques dans ce dossier très sensible. […]
Mais dans le cas présent, le contenu des quatre pages est plutôt surprenant. Il détonne même par endroits avec les discours officiels. Un point, en particulier, n’a pas manqué d’attirer l’attention : le mécanisme d’arbitrage entre État et investisseur (ISDS, dans le jargon), l’une des dispositions les plus contestées du traité en négociation, parce qu’elle autorise des entreprises à attaquer des États en justice (lire notre enquête). Cette clause est si controversée qu’elle menace même d’engloutir l’ensemble des négociations. […]
Pour sortir l’épine ISDS du traité en chantier, le gouvernement français s’est rapproché, depuis janvier, de ses partenaires sociaux-démocrates. Fekl s’est rendu à Berlin en janvier pour sceller une position commune avec Sigmar Gabriel (ministre de l’économie) et Matthias Machnig (secrétaire d’État aux affaires économiques), deux figures du SPD. Des réunions au format élargi – avec des ministres suédois, néerlandais, luxembourgeois et danois – se sont déroulées dans la foulée, à Paris puis Bruxelles. Dernière étape en date : samedi dernier à Madrid, lors d’un sommet du Parti socialiste européen, les sociaux-démocrates se sont entendus sur une approche commune opposée à l’actuel ISDS, si l’on en croit les déclarations officielles. Cette dynamique, inédite depuis le début des négociations sur le TTIP à l’été 2013, pourrait obliger la commission européenne à intégrer certaines de leurs propositions dans le nouveau texte sur ISDS, qu’elle prépare. […]
http://www.mediapart.fr/journal/international/270215/traite-avec-les-etats-unis-paris-accuse-de-double-discours