« Deux partenariats d’envergure ! » se félicitait, le 15 janvier, la ministre de la Culture. Et d’annoncer que, grâce à deux PPP, partenariats public-privé, la société ProQuest allait numériser pas moins de 70 000 livres anciens français datant de 1470 à 1700 et faisant partie du fonds de la Bibliothèque nationale, tandis que la société Believe allait, de son côté, numériser 200 000 vinyles 78 et 33-tours du même fonds. Voilà qui « s’inscrivait pleinement dans le cadre global de la politique active de numérisation et de diffusion voulue et encouragée par Aurélie Filippetti » et qui devrait être tout bénef pour la Bibliothèque nationale. Sauf que…
Sauf que, comme le font remarquer les signataires d’une tribune dans « Libération » (25/1), ainsi que l’Association des bibliothécaires de France, cela revient à privatiser en partie le domaine public. En échange de leur numérisation, les deux entreprises détiennent en effet pendant dix ans les droits des 70 000 précieux ouvrages (sauf 35 000 d’entre eux, mis gratuitement en ligne sur « Gallica », le site de la BNF) : ce sont donc eux qui pourront procéder à leur exploitation commerciale. Idem pour les vinyles. « On dépossède (pour dix ans) chacun d’un patrimoine qui appartient à tous » se désole Philippe Aigrain, de la « Quadrature du Net », l’un des signataires.
Et dire que tout cela s’inscrit dans le Programme d’investissement d’avenir…On avait presque oublié que « numérique » rime d’abord avec « fric » !