Paris, 8 mai 2012 – Ce matin, l’eurodéputé Dimitrios Droutsas a présenté son projet de rapport relatif à l’impact de l’ACTA sur les droits fondamentaux devant ses collègues de la commission « Libertés publiques, justice et affaires intérieures » (LIBE) du Parlement européen. Ce projet de rapport, qui met clairement en exergue le danger que représente l’ACTA pour les droits fondamentaux et la démocratie, constitue un élément de plus qui doit conduire le Parlement européen à rejeter l’ACTA.
Le 26 avril, le Contrôleur européen des données personnelles (CEDP) présentait son second avis contre l’ACTA à la commission « Libertés publiques » (LIBE). Cet avis, qui démolit à nouveau l’accord, avait reçu un accueil très favorable de la part des membres de la commission.
Aujourd’hui, durant la présentation de son projet de rapport à la commission LIBE, le rapporteur Dimitrios Droutsas a à son tour démontré que l’ACTA représentait une menace pour les libertés fondamentales, et qu’il empêcherait tout débat démocratique sur la politique du droit d’auteur en Europe. Durant la réunion, alors qu’un grand nombre de membres de la commission insistaient pour que le rapport appelle fermement au rejet de l’ACTA, le rapporteur a consenti à y inclure une phrase affirmant l’incompatibilité d’ACTA avec la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, afin de préciser sa position.
« Le projet de rapport de M. Droutsas rappelle que l’UE a un rôle à jouer pour protéger et promouvoir les droits de l’Homme, en son sein comme au niveau international, et montre que l’ACTA est manifestement incompatible avec cet objectif. Le document souligne également, à juste titre, la nécessité d’ouvrir un grand débat sur l’avenir du droit d’auteur, afin de dépasser une fois pour toutes le dangereux antagonisme entre le régime actuel et les nouvelles pratiques culturelles se développant sur Internet, comme le partage de la culture. » a déclaré Philippe Aigrain, co-fondateur de l’organisation citoyenne La Quadrature du Net.
« Après la publication de l’avis du Contrôleur européen des données personnelles atomisant l’ACTA, ce projet de rapport est un nouveau camouflet pour la Commission européenne et les extrémistes du droit d’auteur, au sein du Parlement européen, qui continuent sans relâche à appeler à l’adoption de l’ACTA. La commission en charge des libertés publiques doit approuver le rapport de M. Droutsas recommandant au Parlement de rejeter l’ACTA, et afficher clairement la nécessité d’un débat ouvert et démocratique sur l’avenir du droit d’auteur. » a déclaré Jérémie Zimmermann, porte-parole de La Quadrature du Net.
La commission LIBE votera son rapport le 31 mai.
Principaux extraits du projet de rapport de LIBE
- 4. (…) [The] level of protection that the EU (‘the European model’) is pursuing must be also upheld in its external dimension as the EU must be ‘exemplary’ in matters of fundamental rights and should not be perceived as allowing ‘fundamental rights laundering’. (…)
5. Considers that ‘dignity, autonomy and self-development’ of human beings are deeply ingrained in this European model and recalls that privacy, data protection, together with freedom of expression have always been considered as core elements of this model as fundamental rights as well as political objectives; underlines that this must be taken into account when balancing against the right to protection of intellectual property and the right to conduct a business, rights also protected by the Charter.
- 13. (…) the lack of specificity of the provisions, of sufficient limitations and safeguards casts a doubt on the necessary level of legal certainty required from the Agreement (eg: safeguards against misuse of personal data or to protect the right of defence).
- 15. Considers that when fundamental rights are at stake ambiguity must be avoided and at the least reduced to a minimum; moreover and without assigning any wrongful intentions to the ACTA implementation measures takes the view that in the current state of affairs precaution should be exercised as regards ACTA in light of the serious and remaining question-marks surrounding the balance reached within the agreement between IPRs and other core fundamental rights and its level of legal certainty.
- (…) Artists, together with activists, political dissidents and citizens willing to engage in the public debate, should not in any way find their ability to communicate, create, protest and take action inhibited. Especially not today, when, around the world, we are experiencing, and we welcome, a vast, uncontrolled expansion of voices which are finally able to be heard. As the sole direct representative of 400 million European citizens, the European Parliament has the responsibility to safeguard that this expansion will remain unhindered.
- The culture of file-sharing, enabled by the remarkable technological advance of the last decades, certainly poses direct challenges to the way we have dealt with compensation of artists and proper enforcement of intellectual rights for the past decades. Our task, as policymakers, is to overcome this challenge by striking an acceptable balance between the possibilities that technology unravels and the continuation of artistic creation, which is an emblematic token of Europe’s place in the world.
We are therefore, at a defining moment of this debate, an exciting juncture of change. In this sense, your Rapporteur believes that ACTA comes at a very premature stage and a possible adoption of the Treaty would essentially freeze the possibility of having a public deliberation that is worthy of our democratic heritage.